Atelier sur le privilège blanc – à la Borie

Durant le confinement, trois personnes (racisées métisses et blanche) ont donné un atelier sur le privilège blanc. Celui-ci s’est déroulé il y a une semaine à la Borie.

C’est un atelier pensé en particulier à destination des personnes blanches (bien qu’il ait eu lieu ici en présence de quelques personnes racisées) car ses objectifs sont de :
– permettre des échanges et des réflexions sur le système de domination raciste,
– partager une reconnaissance de la position de blanc-he comme position dominante et privilégiée dans ce rapport social,
– contribuer à une prise de responsabilité des personnes blanches dans leur auto-éducation vis à vis du racisme,

– contribuer à une réflexion critique sur les tensions inévitables quand on souhaite lutter contre le racisme depuis une position dominante,
– espérer alimenter la lutte concrète contre le racisme aux niveaux individuel et collectif.

Nous avons arpenté des textes pour explorer les différentes facettes du racisme systémique, dans le but de nous confronter intimement à notre propre racisme intériorisé. Préférer prendre conscience de comment celui-ci opère dans nos milieux militants plutôt que de s’attaquer à un racisme extérieur à nous, comme celui des fachos ou de l’état. Voici les thématiques des textes arpentés ensemble :

Sur la « concurrence » entre les priorités politiques des féministes, des milieux radicaux et des personnes racisées.

– Sur les majorités blanches dans les milieux féministes et queers et l’« accueil » pas toujours correct des personnes racisées.

– Sur la prise de conscience que la blanchité est un privilège.

– Sur le privilège blanc et la difficulté (qui découle de ce privilège) d’aborder les questions de racisme avec des personnes blanches.

– Sur l’appropriation culturelle en général et en particulier dans la cuisine.

En deuxième partie nous avons regardé la vidéo « How microaggressions are like mosquito bites » (« Comment les microagressions ressemblent à des piqûres de moustiques »), qui montre à quel point les microaggressions racistes usent les personnes concernées. Cette usure non perçue par les dominant-es apparaît parfois quand une personne réagit à une microaggression qui fait déborder le vase. Ce type de réaction est malheureusement souvent jugé comme surprenant, disproportionné voire violent par les personnes blanches.

Voici les conclusions données par les personnes qui animaient l’atelier :

Les blanc-hes sont privilégié-es. L’important c’est l’impact de ce privilège dans les interactions avec des personnes racisées, pas la culpabilité blanche ni les intentions, parce qu’on fait souvent de la merde avec de bonnes intentions.

Il y a des allers-retours à faire entre « ferme ta gueule et bouge ton cul ».

Les blanc-hes sont très silencieux-ses sur les questions de racisme. Si on agit pas, on est moins exposé-es à la critique… mais ça ne change rien, donc ça entretient le système raciste. Alors une chose qui nous parait essentielle concernant des blanc-hes qui veulent lutter contre le racisme, c’est de prendre conscience que l’inconfort est inévitable et ne se dissipera pas.

On pourrait conclure en établissant des objectifs comme par exemple que nos espaces soient de plus en plus accueillants et agréables à vivre pour des personnes minorisées qu’elles soient en lutte ou pas.

Mais là on a plutôt envie de rappeler qu’il est normal qu’on garde un malaise, un inconfort. Il n’est évidement pas possible de régler la question rapidement, de résoudre des siècles de construction raciste en un claquement de doigt. Quand on commence à prendre ce chemin de prise de conscience, il est plutôt douloureux, pénible. Il se trouve qu’on peut être en même temps allié-e et aggresseur-se. Et c’est un peu tiraillant comme sensation. La culpabilité qu’on ressent sur ces sujets est cependant un problème à gérer seul-e. C’est à dire qu’on ne pourra pas demander à des personnes racisées de nous distribuer des bons points et nous (r)assurer qu’on est meilleur-es qu’avant.

Il s’agit entre autres de faire l’expérience de la réduction de ses privilèges concrètement. D’accueillir de manière correcte la parole des personnes qui se sentent agressées par nos comportements racistes. De corriger petit à petit son langage, ses gestes, ses évidences.

En tous cas, vous l’avez compris, travailler sur son privilège blanc, c’est un processus, pas un truc où un jour on aura assez lu et tout compris. Et comme travailler à réparer les endroits où on a été blessé-e, humilié-e et qu’on continue de l’être est aussi un travail prenant, comprenons que les personnes racisées ont aussi parfois d’autres priorités que nous éduquer. Sans animosité. Juste les chantiers en cours ne sont pas toujours compatibles. Et en plus, sachez qu’on est pas mal à rajouter à cette double réalité des petits détails relativement prise de tête comme d’être à l’intérieur de nous des mélanges de racistes et de racisé-es, de colons et colonisé-es, de dominant-es et d’humilié-es, de coupables et d’enragé-es, etc. Tout ça.

Voici quelques ressources, blog, musique et vidéos :

  • Vidéo « How microaggressions are like mosquito bites » https://www.youtube.com/watch?v=hDd3bzA7450

  • Vidéo sur la chaine YouTube Keyholes&Snapchots (de la youtubeuse Clémence, femme cis noire française afroféministe), Les micro-agressions  https://www.youtube.com/watch?v=vsxmCV8Kr8Q

  • Vidéo du sketch Aamer Rahman (humoriste militant australien banglado-descendant homme cis), Le racisme anti-blanc. https://www.youtube.com/watch?v=DO-GM1ObW3s

  • Vidéo du sketch Aamer Rahman, Atelier sur les ptits blancs https://www.youtube.com/watch?v=0qFWvCa5wbU

  • Musique de Pétra Pied de Biche (chanteuse militante afro-féministe), Jeu de Blancs et Ne pas déranger https://petravolta.wordpress.com/petra-pied-de-biche/

  • Le blog de Joao Gabriel https://joaogabriell.com

  • Le blog de Sem Nagas https://sorryiamnotsorryblog.wordpress.com

  • Le blog de Ms Dreydful https://msdreydful.wordpress.com

  • Le blog de Nur uebergeben.wordpress.com

  • Ms. Dreydful (militante noire), Les gens et le racisme, un problème d’égo

  • Robin DiAngelo (sociologue et militante antiraciste américaine blanche femme cis), La fragilité blanche : pourquoi est-ce si dur de parler aux blancs de racisme.

  • Maisha Z. Johnson (auteure afro-américaine femme cis), Quel est le problème avec l’appropriation culturelle ?

  • Nelly (militante queer racisée), « Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être blanche… », fanzine It’s been lovely but I have to scream now, #1, janvier 2017

  • Peggy Mac Intosh (chercheuse étasunienne blanche femme cis), questionnaire pour savoir si on bénéficie du privilège blanc.

  • Si vous voulez vous aussi checker vos privilèges voici un petit exercice proposé par Kathy Obear (femme cis blanche étasunienne) sur les modes de comportements classiques des blanc-ches :