Discussion à la yourte le samedi 14 mars sur la structuration de la filière bois et l’industrialisation des forêts. Voir l’affiche.
Le regain d’exploitation de la forêt cevenole est visible depuis la fin de l’hiver. Les grumes s’empilent au bord des pistes, les grumiers se suivent le long des routes, des pans de montagnes sont « propres » comme dirait les anciens.
Si l’on a toujours coupé du bois pour se chauffer, construire des maisons ou « ouvrir des espaces », la forêt a régulièrement été la cible des industriels, pour construire des bateaux, faire fonctionner les forges, les fonderies ou les briqueteries. Afin d’assurer le renouvellement de la ressource, des résineux ont été plantés en lignes serrées, abondamment arrosées de pesticide et d’engrais. L’industrialisation de la forêt n’est donc pas un phénomène nouveau, mais nous pouvons constater de nouvelles offensives, notamment avec l’apparition du bois en plaquette.
Des chaudières estampillées « bio » vont consommer du bois déchiqueté au préalable afin de tenir les engagements de l’Etat en termes d’énergies renouvelables. Des centrales à charbon sont reconverties en centrales « biomasse », comme EON-Uniper à Gardanne par exemple. Si le capitalisme se restructure régulièrement, le développement durable en est l’un des vecteurs, et l’Etat subventionne la plupart de ces projets qui améliorent son bilan carbone.
Afin d’intensifier l’exploitation forestière, la volonté est à la centralisation de la production avec ce qui est appelé « restructuration » de la filière bois. Des groupements de professionnels et de propriétaires sont créés, des unités de stockage et de déchiquetage font leur apparition. La tendance est à la mécanisation, les forestiers sont fortement incités à s’équiper en abatteuses ou treuils mécaniques. Une fois encore, l’Etat aligne les billets avec des projets comme CEVAIGOUAL (3,5 millions pour structurer la filière bois locale).
Les transports de marchandises, en l’occurrence le bois, sont nécessaire à la bonne marche de l’industrie. Les collectivités publiques et l’Europe donc dépensent des centaines de millions pour améliorer des pistes forestières ou en créer de nouvelles, renforcer des ponts ou élargir des routes. Tout ça pour faciliter le passage de camions de 40 tonnes.
Cette discussion sera l’occasion d’échanger des informations sur l’exploitation des forêts qui nous entourent, évoquer des pistes pour défier les industriels, imaginer des usages à leurs opposer.