Un hiver à la Borie

Décembre 

La vie quotidienne à la Borie est toujours en cours : une trentaine de personnes se sont réunies pour parler et pratiquer autour du sujet du soin. Se sont échangé des savoirs, se sont rencontré des personnes. A travers nos réseaux en lutte nous nous sommes dit que la culture du soin et la bienveillance sont prioritaires, qu’il est temps d’y accorder plus d’importance.

Nous nous levons tôt et nous rassemblons dans la yourte, les yeux encore petits et fatigués. Un jeu va nous réchauffer, on marche sans but dans l’espace, puis on se rencontre, se dit bonjour, des câlins et des checks sont échangés. Là, en cercle, une météo émotionnelle pour que chacun.e puisse déposer comment i.elle se sent, et quelles sont ses attentes. Puis un voyage hypnotique collectif pour créer un égrégore, une créature collective alimentée par la somme de nos énergies. Certaines veulent transmettre l’outil thérapeutique qu’est l’hypnose, des moments pour apprendre sont prévus les jours suivants. C’est parti pour des ateliers et des discussions. On apprend sur les moments de stress intense (aussi appelé syndrome de stress post-traumatique) liés à la répression et à la violence policière. On en découvre ses « symptômes », les manières de les reconnaitre et comment les dépasser, se reconstruire après, collectivement et individuellement. Au milieu de ce tourbillon de savoirs et d’émotions, des cris de loup remplissent la vallée. La cloche sonne. L’huissier débarque de nouveau, accompagné par le flic municipal. Décidément on n’est jamais tranquil.les. Il nous annonce qu’une nouvelle procédure d’expulsion est lancée. On découvre ensuite dans les documents qu’il nous a donné, que la mairie a tenté une expulsion unilatérale (sans procès) au mois de novembre, et que la cour d’appel de Nîmes l’a rejeté, disant qu’il y avait surement moyen de nous identifier. Ce qu’on avait fait d’ailleurs ; donner quelques identité pour aller en procès. Mais c’est toujours la même histoire, ils sont tellement sévères dans leur stratégie que ça fini par se retourner contre eux, au final ils perdent du temps et nous continuons de construire des cabanes et de faire des boutures.

On reprend notre programme. Des voyages collectifs en hypnose, des soins individuels, un atelier street-médic, des coupes de cheveux hypnotiques, des tatoo en rêve éveillé, des discussions à n’en plus finir et quelques baignades glacées dans la rivière.

Janvier

Pas de nouvelle, bonne nouvelle ! Pour l’instant pas de document d’assignation en procès dans notre boite aux lettres. On prépare la prochaine semaine de rencontre autour du « soin dans nos réseaux en lutte ». On est nombreux.ses sur place, le poêle à bois de la salle commune va bon train, on est bien à la Borie 🙂