Texte diffusé sur St-Jean-du-Gard, faisant suite à la lettre que le maire avait envoyé aux habitant-es de La Borie.
Voilà de nombreuses années que le site de La Borie est laissé à l’abandon par la mairie de St-Jean-du-Gard, et que des personnes y vivent, s’y investissent quotidiennement pour entretenir les lieux, y organisent des évènements ouverts, utilisent et fertilisent les terres, y exercent bien des activités et savoirs-faire. Et ce sans pour autant privatiser les lieux, pour que les berges et sentiers restent accessibles à qui veut s’y ressourcer, et que certains espaces-temps soient dédiés au partage de pratiques et de savoirs, de convivialités et de solidarités.
Si ce lieu tel qu’il existe encore aujourd’hui a pu jusque là être préservé, c’est d’abord grâce aux nombreuses personnes qui, il y a 25 ans, se sont opposées fermement à la construction d’un barrage hydraulique, encore un de ces projets mégalomanes niant le vivant et n’interrogeant jamais la folie de nos consommations énergétiques. La force et la détermination de cette résistance locale ont permis qu’actuellement la rivière coule encore librement entre ses berges. L’enjeu de la préservation de ces espaces à l’époque demeure aujourd’hui comme la possibilité de vivre des terres et du bâti, pour des personnes cohabitant et s’entraidant avec et par delà leurs différences de mode de vie. « Sans droit ni titre » sur le plan foncier pour la plupart, des personnes vivent encore ici dans l’esprit d’un héritage bien assumé de cette lutte contre l’appropriation financière et spéculative d’un tel espace.
Mais c’est là que le bât blesse, pour le maire de St-Jean-du-Gard, M. Ruas, qui soudain daigne tourner son regard sur la situation. Sa stratégie ? Marquer une différenciation entre les personnes qui habitent les lieux. Michel, le plus ancien des occupants, a été convoqué ce lundi 26 janvier par M. Ruas, qui a tenté une négociation. Il lui propose un bail, accompagné des travaux d’adduction d’eau de ville et assainissement en bonne et due forme (côté BTP M. Ruas a le bras long !). Mais Michel s’en passe bien : une bonne eau de source jaillit déjà tout proche de sa maison…
Que faire des autres occupants ? C’est simple : l’enlèvement d’un de leur véhicule direction la fourrière aura été la première prise de contact. C’est ce qu’il s’est passé ce même lundi 26 janvier, avec l’avertissement que ce n’est que le premier sur la liste des autres véhicules garés ici, qui sont menacés d’être emmenés à la fourrière dans les prochaines semaines. Avant de s’en prendre aux humains, on s’en prend aux moyens de locomotion, c’est un peu fourbe, non ? Fourbe est un gentil mot, bien trop gentil pour être objectif. Car il s’agit bien d’une volonté d’éradiquer les gens qui vivent ici, comme s’ils n’avaient jamais existé, comme si on pouvait les remplacer soudain par un projet valable, administrable, et sûrement à terme rentable, puisque tout doit l’être au sein d’une société où liberté et gratuité ne sont plus qu’hérésie.
Nous ne savons pas encore le sort réservé aux occupants de la troisième maison, étant absents en ce moments, mais n’ayant pour l’instant pas été convoqués non plus.
Il est urgent pour les habitants des lieux ainsi que pour toutes les personnes qui s’y organisent ou en bénéficient de renforcer nos liens et solidarités pour ne pas laisser s’opérer de telles méthodes.